La Commission européenne accusé Meta et TikTok pour de multiples violations du Digital Services Act (DSA), la législation sur les contenus numériques. Ces accusations, si elles étaient confirmées, pourraient entraîner de lourdes amendes pour les deux géants de la technologie. Au cœur du conflit se trouvent des questions fondamentales concernant la modération du contenu et la transparence des plateformes.

Le parcours du combattant pour signaler du contenu et faire appel
La Commission européenne reproche spécifiquement à Meta de ne pas garantir des mécanismes de signalement simples et accessibles sur Facebook et Instagram. Cependant, la DSA exige que les plateformes permettent à quiconque de signaler facilement des contenus illégaux, tels que des discours de haine ou des images pédopornographiques. Cependant, la procédure actuelle serait dissuasive, avec des étapes inutiles et des interfaces trompeuses (motifs sombres) conçues pour dérouter l'utilisateur.
En outre, le droit des utilisateurs de contester une décision de modération serait entravé. Selon la Commission européenne, les utilisateurs de Facebook et d'Instagram dont le contenu a été supprimé ne peuvent pas fournir de documents à l'appui de leur demande de recours. Thomas Régnier, porte-parole de la Commission, affirme que cette action prouve que le DSA, loin d'être un outil de censure, « protège la liberté d’expression et le droit des citoyens de l’UE de lutter contre les décisions de modération de contenu prises par les géants de la technologie ».
Une autre accusation majeure, visant cette fois à la fois Meta et TikTok, concerne le manque de transparence. Le DSA impose aux plateformes de fournir aux chercheurs un accès adéquat à leurs données internes pour étudier des sujets d’intérêt public, comme la désinformation ou la protection des mineurs. Cependant, l'exécutif européen considère que les procédures mises en place sont excessivement longues et complexes, décourageant ainsi les recherches indépendantes.
La défense de Meta et TikTok
Face à ces accusations, les deux sociétés ont réagi. Un porte-parole de Meta a déclaré : « Nous contestons toute allégation de violation du DSA et poursuivons nos négociations avec la Commission européenne sur ces questions ». Il a ajouté que des changements avaient déjà été apportés aux outils de déclaration, de recours et d'accès aux données et que l'entreprise était « confiant que ces solutions sont conformes aux exigences légales de l’UE ».

De son côté, TikTok assure promouvoir « la contribution des chercheurs à notre plateforme et à l’ensemble du secteur ». Son porte-parole a toutefois soulevé un point de friction juridique, expliquant que les exigences en matière d'accès aux données « mettre le DSA et le RGPD en conflit direct »le règlement sur la protection des données.
L'Union européenne n'a pas encore imposé de sanctions. Meta et TikTok doivent désormais répondre aux doléances de la Commission européenne et proposer des solutions concrètes pour y remédier. Si leurs propositions sont jugées satisfaisantes, ils pourraient éviter une amende. A défaut, les deux groupes risquent une pénalité financière pouvant aller jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires global annuel.






