Deux ans après l'instauration de frais de port obligatoires de 3 euros sur les achats de livres en ligne pour toute commande inférieure à 35 euros, le bilan est médiocre selon Amazon. Frédéric Duval, patron d'Amazon France, révélé que les consommateurs ont déjà payé plus de 100 millions d'euros rien que pour les frais de port obligatoires, tandis que les ventes de livres continuent de s'effondrer, y compris dans les librairies.

Un marché du livre en chute libre malgré la protection réglementaire
Selon l'institut GFK, le segment français des ventes de livres a chuté de 3% en volume pour la deuxième année consécutive en 2024, affichant la pire performance de l'Union européenne. Le nombre d'acheteurs de livres neufs a baissé de 10 % en un an et plus de la moitié des lecteurs interrogés par l'Ifop déclarent avoir réduit leurs achats en raison de ces frais imposés.
Cette mesure de frais de port obligatoires à 3 euros, entrée en vigueur en octobre 2023 sous l'impulsion de la sénatrice Laure Darcos, visait initialement à rééquilibrer la concurrence entre les marchands en ligne (comme Amazon) et les librairies physiques. Amazon dénonce aujourd'hui une taxe sur la lecture qui pénalise en premier lieu les ménages modestes et les 22 millions de Français vivant en milieu rural ou dans les 90 % de communes ne disposant pas de librairie.
Les grands magasins, véritables bénéficiaires
Si l’objectif était de soutenir les libraires indépendants, la réalité du terrain est tout autre. Lorsque les consommateurs voyagent pour éviter les frais de port, seuls 26 % d’entre eux privilégient les librairies locales, selon Amazon. Les 70 % restants, toujours selon Amazon, se tournent vers les hypermarchés et les grandes chaînes culturelles.
Pire encore, après deux années de créations record, 2024 marque un net ralentissement de cette dynamique positive. Les ventes en librairie n'ont pas rebondi, contredisant l'argument d'une mesure de protection du commerce local.
Le climat reste électrique entre Amazon et les pouvoirs publics. Début 2025, un nouveau conflit surgit autour de l’interprétation de la loi. Amazon pensait pouvoir livrer gratuitement via ses casiers installés dans les magasins vendant des livres. Le médiateur du livre a statué en mai, estimant qu'Amazon contournait la législation.






